05 octobre 2009

Le pré de La Ribière - Field of Ribiere's domain




Prise le 22 septembre à 8H 20 à Saint-Sulpice Laurière

Le Château de La Ribière-Tranchecerf vient d'être restauré, dans un style il est vrai assez éloigné de sa rusticité d'origine. Son histoire est très largement documentée dans l'article "http://saintsulpicelauriere.wordpress.com/2009/02/19/la-riviere-tranchecerf/", auquel j'emprunte l'anecdote suivante, qui renvoie au titre de la photo:
On rapporta un dimanche que chez des paysans de Tranchecerf un garçon du nom de Léger se distinguait aux foires et aux marchés par son esprit vif, ses aptitudes à compter, peser et mesurer. Le curé Martin se le fit amener et le jugea favorablement. Il savait compter. Il mémorisait les psaumes à la première audition. Martin lui apprit à lire en quelques semaines, et à écrire. Il envisageait de l’utiliser pour la tenue de ses registres paroissiaux, peut-être même le proposer au séminaire. Tranchecerf, informé de la découverte, rappela à l’homme de Dieu qu’il était seul maître sur les terres de son fief ici-bas, que le jeune par conséquent dépendait de lui et lui appartenait. Il mit ainsi la main sur un sujet extraordinairement doué, capable, réfléchi, sérieux, qui seconda quelque temps le vieux régisseur puis assuma seul la tâche de gérant du domaine de La Ribière.
Tranchecerf n’eut qu’à se louer des services de son jeune baile. Les laboureurs l’acceptaient car il connaissait leurs peines et se montrait secourable chaque fois qu’il le pouvait. Le blé et les chapons convergeaient sans à-coups vers le château à l’échéance de la Saint-Michel et le seigneur n’en demandait pas davantage. Léger sut ainsi se faire aimer de tous. De tous.
On sait de source également sûre qu’aux temps bibliques Joseph résista aux avances de Madame Putiphar, la femme de son employeur égyptien, laquelle se vengea en le faisant mettre en prison. Autres temps, autres mœurs. Madame Tranchecerf était avenante, le jeune baile beau garçon; il avait été engagé pour s’occuper des biens du maître et les faire fructifier. Il était donc en paix avec sa conscience professionnelle. Ils vécurent une passion qui se termina hélas par un drame sentimental. Le mari les surprit. Il n’apprécia pas l’excès de zèle de son employé. Il le chassa du château en l’expédiant dans l’autre monde pour être sûr qu’il ne reviendrait pas.
L’affaire fit grand bruit. On pleura au château et il y eut des murmures de réprobation dans les chaumières. L’écho en parvint aux oreilles du marquis. Laurière commença par se gausser de la mésaventure de son vassal ; il épilogua sur l’inconstance et l’infidélité des femmes, estima que le cocu, réputé pour son ardeur à trousser les bergères, recevait de la Providence et du bâton un juste retour. Tranchecerf fut convoqué pardevant son suzerain qui l’appela Bois-de-cerf et, usant de ses droits de haute justice, appliqua dans toute sa rigueur la peine méritée selon le barème et la coutume : Le seigneur de La Rivière fut condamné à céder à la famille de sa victime, en franche propriété, une terre du replat portant bon an mal an vingt boisseaux de blé seigle, mesure de Laurière. Cette terre, la famille Bayle se la transmet en héritage de génération en génération et n’envisage pas de s’en défaire. Elle est référencée au parcellaire napoléonien : La Piau de Léger, labour, 0ha 82a 15ca.

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