30 novembre 2009

jours de pluie 1 - rainy day #1




Prise le 28 novembre à 19H au Maillorat

Bien des citadins rêvent de la vie rurale. Mais que faire à la campagne, quand la pluie tombe sans discontinuer, que la température ne dépasse pas 7°, et que la nuit tombe dès 17H ?
Allumer un feu dans la grande cheminée est la première occupation du week-end. Mais la chaleur du feu est traitresse. Au bout d'une heure ou deux, il commence à faire bon, et l'on s'assoie près de l'âtre dans l'intention de lire brièvement le journal, ou un livre. Mais au lieu de cela, on commence à regarder la danse des flammes, et bientôt on somnole. Quand on sort de son hébétude, il est déjà l'heure du repas du soir, et l'on réalise que la moitié du week-end s'est déjà écoulée sans que l'on s'en rende compte...

29 novembre 2009

Anouk et les pigeons - Anouk and the pigeons




Prise le 20 novembre à 14H30 à Limoges

Lorsqu'enfant je tentais vainement d'attraper des oiseaux, mon grand-père me disait en riant "mets leur du sel sur la queue pour les empêcher de s'envoler !" . Ma petite Anouk n'arrive pas mieux que moi à appliquer la recette magique, et ce sont toujours les mêmes choses qui font rire les grand-pères - Mais quoi qu'il en soit, je suis dans une ronde où je tiens d'un côté la main de mon grand-père, et de l'autre celle de ma petite-fille, et nous jouons ensemble à "pigeon, vole!".

28 novembre 2009

les bouleaux - the birches




Prise le 22 novembre à 10H vers Folles

Là où les autres autres arbres tracent leurs lignes d'encre, le bouleau écrit en blanc sur le paysage. Il monte rarement droit, il hésite, il se penche; il évoque, à la lisière d'arbres plus disciplinés, des rangs désordonnées d'enfants de maternelle à l'entrée de leur classe.

27 novembre 2009

la clôture - the fence




Prise le 22 novembre à 9H45 vers Folles

Dimanche dernier, la France était coupée en deux : Au Sud, les nuages, et au Nord le soleil. C'est cette clôture qui tenait la frontière. Je ne sais pas si elle résistera bien longtemps...

26 novembre 2009

Déclin industriel - depressed industry




Prise le 20 novembre à 9H40 à Limoges

Les rivières furent autrefois de grands axes industriels. Au 19ème siècle, la Vienne était ici bordée d'usines et de tanneries, utilisant l'énergie de la rivière, ou simplement son eau, et dans le courant transitaient les trains de bois, acheminés par flottage depuis les forêts du plateau pour servir ici de combustible aux fours à porcelaine. Qui croirait, aujourd'hui, que cette photo a été prise en pleine ville ? Un mal pour un bien; la rivière a cessé d'être une source de richesse économique, pour redevenir ce ruban tranquille qui serpente entre deux berges fréquentées seulement par les promeneurs, les adeptes du jogging et les observateurs des oiseaux.

25 novembre 2009

Par le trou de serrure - through the keyhole




Prise le 22 novembre à 9H35 à Folles

Aujourd'hui, la brume ne monte plus des vallées, mais descend des collines; la forêt brunit et se prépare pour l'hiver. Cependant, dans l'entre-deux des bois, subsiste comme un parfum de printemps. Souvenir du printemps passé, ou promesse de celui qui viendra dans quelques mois ?

24 novembre 2009

gribouillage - scribble




Prise le 22 novembre à Paulhac à 9H05

Voici que l'automne tire à sa fin. A 7H, il fait encore nuit, à 8H le jour point, et le photographe attendra 9H pour capter la pâle lumière d'un ciel peint aux couleurs de l'aube. Le sujet importe peu, et ces arbres, comme gribouillis d'un esprit énervé, fourniront un prétexte.

23 novembre 2009

La contre-allée - the side lane




Prise le 20 novembre à Limoges à 9H30

Il existe toujours plusieurs chemins pour parvenir au même endroit, pour atteindre le même but. En général, on prend le plus rapide, le plus large ou le plus commode. Mais une fois parvenu à destination, et déjà en partance de nouveau, on se demande s'il n'aurait pas mieux valu prendre celui de la promenade, et oublier un temps l'objectif pour profiter pleinement du trajet.

22 novembre 2009

le passage - crossing




Prise les 7 et 20 novembre à Limoges et aux Billanges
Il existe des passages de toutes sortes, tels le miroir d'Alice. Celui-ci se cache dans le tronc d'un très vieux châtaignier de ma connaissance. Il suffit de prononcer la bonne incantation vaudou, et une porte s'ouvre dans l'écorce, vers un nouveau paysage.

21 novembre 2009

l'heure des gargouilles - gargoyle's time




Prise le 18 novembre à Limoges

17H, c'est l'heure où les gargouilles de la cathédrale de Limoges sortent de l'ombre pour prendre un bain de soleil. Et il est préférable de ne pas s'attarder jusqu'au moment où elles descendent de leur perchoir...

20 novembre 2009

persistance des saisons - persistance of seasons




Prise le 8 novembre à 9H40 à Bersac

De toutes mes dernières photos, si je devais en garder une pour caractériser l'automne en Limousin, c'est sans doute celle-ci que je choisirais. Rien de spectaculaire pourtant; juste un ciel gris avec un rayon de soleil sur les prés, et la robe des vaches qui se marie presque en ton sur ton avec feuilles des chênes et des châtaigniers. Aussi loin que remonte ma mémoire, cette scène n'a pas changé d'un iota - et ne changera pas de sitôt, je le souhaite...

19 novembre 2009

La maison du fleuve - house on the river Seine




Prise le 14 novembre à Vernon

Il ne reste rien de l'ancien pont sur la Seine, sinon la première arche, des vestiges de piles, et cette maison perchée, partie d'un ancien moulin. Elle est célèbre pour avoir un temps appartenu à Jean Nouguès, compositeur de revues qui aménagea un dancing sur une péniche amarrée à proximité; mais, surtout, pour avoir été peinte, sous un autre angle, par Claude Monet lors de son installation à Giverny, en 1883. Le tableau de Monet, qui s'intitule "Maisons sur le vieux pont à Vernon" est exposé au New Orleans Museum of Art.

18 novembre 2009

feuilles mortes - dead leaves




Prise le 8 novembre à 9h30 à Bersac

Il est passé, le temps des feux de joie de la Saint-Jean.
On brûle aujourd'hui les rameaux du printemps et les frondaisons de l'été. Une fumée bleue que le vent emporte...
Une feuille s'est détachée, hier, pour qui l'automne est venu bien trop tôt.

17 novembre 2009

l'abbatiale - the abbey church




Prise le 15 novembre à 10H15 à Saint-Germer de Fly

De retour d'une brève escapade dans le pays de Bray, j'en ramène cette carte postale. L'abbatiale de Saint-Germer de Fly est tout ce qu'il reste d'une vaste abbaye, détruite lors de la guerre de cent ans. Elle a encore belle allure, même si elle est aujourd'hui oubliée des circuits touristiques.

16 novembre 2009

un chemin - some path




Prise le 7 novembre à 17H10 aux Bilanges

Même lieu, même heure; les ombres s'allongent, et il est donc trop tard pour prendre ce chemin qui serpente entre les bosquets. C'est bien dommage, car c'est le premier rayon de soleil de la journée. Il s'est glissé sous les nuages, et va disparaître derrière la colline. Il est l'heure de rentrer, et demain, bien sur, il va pleuvoir...

15 novembre 2009

deux vieux - two old trees




Prise le 7 novembre à 17H10 aux Bilanges
Le paysan avisé garde toujours un arbre au milieu du pré, pour que les bêtes puissent y trouver l'ombre et la fraicheur, l'été. Il est plus rare qu'il en garde deux. Ceux-ci ont sans doute rempli leur office durant de longues années, mais aujourd'hui, ils ne sont plus guère bons qu'à chauffer leurs vieilles branches aux rayons du soleil couchant, et peut-être servir de perchoir à quelques passereaux qui viennent nicher dans le lierre.

14 novembre 2009

Retour à Peyrusse - Back to Peyrusse




Prise le 7 novembre à 16H38 vers Chauverne

Un an a passé depuis ma précédente photo du même lieu, mais l'automne est toujours aussi somptueux dans les bosquets du domaine de Peyrusse. Le paysage s'est modifié, toutefois, avec la cicatrice toute récente d'une coupe de bois sur la colline. Si ce n'était que de moi, je remplacerais volontiers les pins douglas qui couvraient la butte par des hêtres pourpres, ou, pourquoi pas, des mélèzes communs. - après quoi, rendez-vous dans quinze ans, car la palette du photographe de paysages est beaucoup plus longue à préparer que celle du peintre !

13 novembre 2009

Lavis - wash tint




Prise le 25 octobre à 8H30 à La Jonchère

Celle-ci n'est pas super gaie, j'en suis conscient. En fait, elle m'évoque un roman peu connu de Sir Arthur Conan Doyle, que j'ai lu dans ma jeunesse : "Au pays des brumes".
Il ne s'agissait pas tant des brumes de Londres, que d'un univers incertain entre les vivants et les morts; Conan Doyle étant, comme beaucoup à son époque, un fervent adepte du spiritualisme: revenants, tables tournantes et autres médiums. J'aurais donc pu publier cette photo le deux novembre, mais cela aurait été d'un gout plutôt douteux. En fait, point de mystère ici, sinon un jeu avec les couleurs, et les débordements habituels des brumes du Thaurion.

12 novembre 2009

Green ?




Prise le 1er novembre à 9H20 vers Saint-Goussaud
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches" - Si le premier vers convient, le titre choisi par Verlaine aura besoin, lui, de murir un peu. Entre deux averses et deux photos de brume, j'ai tout de même cueilli ces quelques feuillages, qui composent une palette assez complète des tons de l'automne - excepté le bleu du ciel, mais nul ne peut tout avoir en ce monde !

11 novembre 2009

le poirier - the pear tree




Prise le 1er novembre vers Volondat à 8H30

Encore un humble lieu que j'aime. Je l'avais photographié ce printemps, en avril, alors que le poirier était tout en fleurs. Aujourd'hui, le voici le premier à se trouver dénudé !
Mais les fruits ont tenu la promesse des fleurs -personne, hélas, ne semble se soucier de récolter ces délicieuses poires...

10 novembre 2009

La buse - the buzzard




Prise le 25 octobre à 8H26 à La Jonchère

La brume révèle plus qu'elle ne cache. La brume est une épure, elle est au paysage ce qu'une première ébauche est à un roman. Les détails significatifs, qui seront bientôt enfouis dans la complexité de la narration apparaissent seuls clairement; on n'en distingue pas encore la liaison, mais ce sont les lignes de forces qui vont structurer l'ensemble. Le paysage, en dessous, s'agite pour exister, mais il est encore dans l'indécision des variantes; l'imagination, comme un oiseau matinal, peut y planer sans contrainte.

09 novembre 2009

paysage éphémère - transient landscape




Prise le 7 novembre à 16H à Jabreilles_les_Bordes

Les gens ne sont jamais contents. Il y a peu, ils se plaignaient de la sécheresse; depuis quinze jours, voici qu'ils en ont après les incessantes averses, qui leur gâchent le bel automne. Mais, de temps en temps, une lumière fugitive surgit d'entre les nuages qui passent à toute vitesse, suggérant d'infimes paradis, taches éphémères du soleil, sous les rayons qui percent par endroits la grisaille. Alors, même la petite maison blanche que l'on distingue entre les arbres (on peut cliquer sur la photo pour l'agrandir) paraît bien aimable, dans des lointains qui semblent l'œuvre d'un de ces peintres mineurs du 18ème siècle. Pour qui connaît les lieux, cependant, il ne s'agit que d'une bicoque en bord de route, en vente depuis longtemps, et qui ne trouve pas d'acquéreur. Et tout cela n'est au fond qu'un tour de passe-passe de la lumière, pour le seul plaisir du photographe.

08 novembre 2009

La Jonchère, automne - La Jonchère, autumn




Prise le 25 octobre à La Jonchère à 8H30

Petit retour sur un site que j'affectionne, à l'heure où les ombres sont encore allongées : le village de La Jonchère, au petit matin. Point de lumière visible sur le clocher en cette saison de l'année et à cette heure : le soleil se lève beaucoup plus au sud (et plus tard) qu'au mois de juin. Mais la grande écharpe de brume au-dessus de la vallée du thaurion est bien là, avec ses vagues qui débordent sur les replats et refluent lentement pour dévoiler le paysage et le ciel bleu d'une belle journée à venir.

07 novembre 2009

rythmique ferrovaire - raylway's music




Prise le 4 octobre à 8H05 en gare de Saint-Sulpice-Laurière

Que dire de ce quai de la gare de Saint Sulpice Laurière, sinon qu'il joue une musique qui me plait bien. La rythmique est donnée par les piliers, dans les basses, avec les coups de cymbale des néons. les fenêtres régulières, avec la rupture de rythme des portes, donnent le contre-point, tandis que la mélodie est jouée par la grande verrière et le sus-tenuto des voies. Dans le fond de l'orchestre, enfin, on perçoit le son discret de contrebasses; les collines et les bois.

06 novembre 2009

Attention au chat - beware the cat




Prise le 31 octobre à 17H

Le chat ne dort que d'un œil : le nez dans la queue, il s'est roulé en boule dans la fourche du cerisier. Il ne lui manque plus qu'une chose : un oiseau qui vienne se poser au creux de ce nid douillet, parfait pour y passer l'hiver. Mais je crois tout de même qu'il surestime un peu sa capacité de mimétisme...

05 novembre 2009

La mangeoire - the feeding tray




Prise le 25 octobre à 8H18 à La Jonchère

La mangeoire pour bétail est le pendant rural du mobilier urbain de type J.C. Decaux. Il lui manque cependant l'essentiel : un emplacement publicitaire. Idée saugrenue ? peut-être pas tant que cela : certains lieux seraient idéaux pour une publicité ciblée, la rareté du passage étant compensée par l'impact de la surprise. On pourrait ainsi voir fleurir au milieu des prés des panonceaux vantant les mérites de la chaussure de randonnée Sansampoules, du fusil de chasse Adeuxcoups ou du moulinet de lancer Surcentmètres, toutes réclames absentes du milieu urbain.
Quand à moi, j'aurais certainement choisi à cette époque de m'exiler vers des contrées moins civilisées....

04 novembre 2009

Passereaux - Sparrows




Prise le 27 octobre à 9H15 vers Marsac

Récemment de passage à Paris, j'ai pu, gare d'Austerlitz, partager mon sandwich avec des moineaux qui venaient se poser sur mes doigts. Rien de commun avec ceux-ci, qui ne se laissent pas approcher à moins de cinquante pas. Le Creusois n'est pourtant pas pour eux un prédateur plus dangereux que le Parisien, mais allez savoir ce qui se passe dans ces petites cervelles de moineaux ! Loin de la tiédeur des villes, et réduites à chercher leur nourriture sur le sol gelé, les petites boules de plumes vont sans doute trouver l'hiver bien long...

03 novembre 2009

L'amour vache




Prise le 27 octobre à 8H31 à Frais-Marais
Transformée en génisse par Zeus, qui souhaitait cacher ainsi son amour coupable, Io fut capturée par la jalouse -et fort perspicace Junon, qui la remit en garde à Argus aux cent yeux. Mais c'était compter sans la malice de Mercure, qui endormit Argus de sa flute de pan et libéra la génisse. Les yeux d'Argus finirent dans la queue du paon de Junon, et Io, à l'issue d'une longue errance, parvint à obtenir de Jupiter que le charme fut rompu, et redevint une belle jeune femme. C'est ainsi qu'elle réussit à ne pas terminer en rôtis et en côtes de bœuf, et devint, pour les Égyptiens, la célèbre déesse Isis.
Il n'y a sans doute pas de "morale" à cette histoire, sinon que, connaissant la fin, je n'ai aucune réticence à me régaler de la chair de nos tendre limousines sans craindre de dévorer une déesse - et que les jeunes filles qui fréquentent un homme marié seraient bien avisées de ne rien lui laisser entreprendre qu'il ne puisse défaire par la suite !

02 novembre 2009

IO




Prise le 27 octobre à 8H32 à Frais-Marais

Cependant Junon, abaissant ses regards sur la terre,
s'étonna de voir se lever, au cours d'un jour lumineux,
des nuages rapides qui firent apparaître la face de la nuit ;
elle comprit qu'ils ne montaient ni du fleuve ni du sol humide.
Et elle se mit à chercher autour d'elle où se trouvait son époux...
Se laissant glisser du sommet de l'éther,
elle prit pied sur terre et ordonna aux nuages de se retirer.
Jupiter, qui avait prévu l'arrivée de son épouse,
avait transformé la fille d'Inachos en une génisse éclatante.
Même génisse, elle est belle ; la Saturnienne, malgré elle,
admire la beauté de la vache et, comme si elle ignorait la vérité,
demande à qui elle appartient, d'où elle vient et de quel troupeau.

Ovide - Métamorphoses 1, 600-610 [Trad. A.-M. Boxus et J. Poucet]

01 novembre 2009

respiration - breathing




Prise le 27 octobre à 8H30 sur la route de Folles à Frais-Marais

Qu'y a-til sous ce nuage prisonnier des collines, sinon l'étang que je viens de quitter? Il a beau se tapir dans le creux du vallon, son haleine le révèle aussi sûrement que le ferait un drapeau !
Le nuage est son double vaporeux et éphémère qui emporte ensemble vers le ciel l'exhalaison des eaux, le parfum des berges et le souffle du promeneur.

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