27 février 2007

Coca Paranoïa (Coca paranoid)




Prise le 19 février à 21H30

J'étais passé là quelques instants plus tôt, et j'aurais juré qu'il n'y avait rien. Juste un trottoir désert et une vitrine close. Mais maintenant elle était là, brusquement sortie d'un coin sombre. Il est des rencontres nocturnes plus inquiétantes, me direz-vous... Voire...
J'ai continué mon chemin, vite tourné le coin de la rue, jouant l'homme préoccupé tandis que son regard pesait sur ma nuque.
Je n'ai été vraiment tranquille qu'une fois la porte de l'hôtel tirée sur moi. La clenche a claqué en se vérouillant. J'ai levé les yeux. Elle était là encore, nonchalamment adossée à la cloison du hall d'entrée.
J'ai su qu'il ne me restait d'autre ressource que sortir de ma poche la pièce d'un euro qu'elle attendait, et la glisser dans la fente. Comme à chaque fois, il n'y a pas eu d'autre bruit que la chute de la pièce à jamais perdue, puis un ronronnement de satisfaction.
J'ai regagné la chambre, sachant qu'elle me laisserait en paix, pour une nuit de plus. Demain, je changerai d'hôtel, de nom, d'île, peut-être.

4 commentaires:

Cergie a dit…

Un message du soir qui a du "pepse". Une bonne journée de travail te réussit bien. Il se termine par "changer d’île" et justement je pense à la Vénus d’Ille de Prosper Mérimée. Il y a d’autres récits fantastiques, mais celui là m’interpelle particulièrement avec cette image de la femme fatale à laquelle on doit inconsidérément un tribu (la bague passée au doigt de la statue). Tu dis qu’il ne faut pas interpréter l’inconscient d’un récit alors je n’imaginerai pas une allégorie et une gorgone de la toile. La photo est une splendeur. L’objet maléfique luit d’une aura qui éclaire doucement le reste de la pièce (on dirait un donjon).

Chamamy a dit…

Belle ambiance,un miroir aux alouettes pour Belles de nuit...

Anonyme a dit…

Ha quel humour dans le titre, tu me fais rire! Je le vois tellement en parano dans son coin, l'air peureux et mefiant!!!!

Maxime a dit…

La Couarde en Ré sous la pluie d'hiver, est probablement le dernier endroit où un noctambule souhaiterait se réfugier.
D'où le caractère incongru et passablement inquiétant de cet objet, seul point de lumière vive de tout le bourg, avec l'église.
Si l'une évoque l'ange, celui-ci ne peut être que le démon. (sa couleur le trahit).
Du reste, peut on imaginer un commerçant avisé laisser ainsi allumé un dispositif qui, de toute évidence, consommera plus qu'il ne rapportera.
En toute logique paranoïaque, il ne peut donc être l'innocent distributeur qu'il prétend être. Mais, heureusement, j'étais là pour le démasquer.
IL est celui qui attend l'imprudent voyageur solitaire, pour le prendre à jamais dans les fils de sa toile.

Livres disponibles :
Paysages Limousins | Matière à réflexion | Lieux communs | Domaines publics

Contact : gaillard.maxime@gmail.com