05 février 2007

L'enfant de neige (the snow child)




Prise le 3 février à 21H30

Il existe un très, très ancien conte Limousin, qui s'appelle "l'enfant de neige" (Lo pitit de nevia):
Une nuit de Noël, alors que la campagne était toute blanche, un jeune couple, qui ne pouvait avoir d'enfant, trouva sur le bord du chemin un petit bonhomme qui semblait tout fait de neige. Ils le prirent chez eux et l'élevèrent tendrement. Tout l'hiver, l'enfant grandit auprès d'eux; il les appelait "papa" et "maman" et jouait avec les autres enfants du village.
Mais, Mars venu, l'enfant si gai sembla pris d'une curieuse langueur; il ne riait plus et délaissait les jeux. Avril passa, puis vint mai, et malgré des soins constants, l'enfant dépérissait. Alors,pensant le sauver, les parents l'enfermèrent dans la chambre la plus froide de la maison, avec une petite fenêtre qui donnait au nord, et ne voyait jamais le soleil.
Mais cela n'y fit que bien peu, et plus le printemps avançait, plus l'enfant devenait diaphane et disparaissait presque.
Vint la Saint-Jean, et le couple, rentrant des champs, trouva la fenêtre ouverte, et le petit, enfui. Ils arrivèrent juste à temps auprès du feu de joie, pour voir l'enfant bondir par au dessus. Il disparut dans une gerbe d'étincelles en leur criant : "Papa, Maman, ne m'en voulez pas, je vous aime, mais je dois maintenant m'en aller!"

Transcrit très librement du souvenir qu'il m'a laissé, ce conte m'a toujours semblé immémorial par la façon dont il lie ainsi dans une tendre nostalgie le solstice d'hiver au solstice d'été. Je ne pouvais m'empêcher d'y penser en regardant les étincelles s'élever du feu où je brulais les branches cassées par la neige, et je me disais : "voici l'enfant de neige qui s'en va".

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Joli conte pour une magnifique photo. D'un point de vue technique, je suis curieux de savoir quels étaient les réglages : temps de pause, focale ? J'imagine que vous avez utilisé un pied ?

Maxime a dit…

Merci, Leto

Quelques données techniques, pour changer:
DateTime : 2007:02:03 21:22:31
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FNumber : F7,1
ExposureProgram : Aperture Priority
ISOSpeedRatings : 400

Photo prise à main levée, sans trop trembler (avec le stabilisateur activé)

Cergie a dit…

Oui, j'aime bien ce conte, j'imagine le conteur ou la conteuse (il y a toujours qqn qui a ce talent plus que les autres dans une famille ou à qui ce rôle est dévolu, le seul qu'il lui reste peut être et non des moindres) la racontant justement au coin du feu et toi, les épaules ceintes d'un petit plaid écoutant bouche bée l'histoire ressassée. Ce que j'aime surtout est qu'elle est retransmise de mémoire avec tes mots. Tu as choisi dans l'histoire qu'en retenir. C'est ainsi avec les traditions orales. Elles sont aléatoires.
On pourrait étudier la philosophie de l'histoire sous jacente, cet enfant souhaité par un couple stérile (blanche neige, tom pouce). Ce simulacre d'enfant grandi trop vite. Un rêve ? Et puis cette disparition, comme l'acceptation que jamais de vrai enfant il n'y aura.

Anonyme a dit…

Qui trop embrase mal éteint !
hou ! hou ! hou ! hou !
(rire niais de loup)

Anonyme a dit…

Oui, c'est beau et effrayant à la fois, en tous cas pour moi qui suis d'un signe de feu (lion). (Cela dit j'ai autant, sinon plus, peur de l'eau- sauf quand je l'admire sur vos photos!).

Et ce conte me rend mélancolique...

La principale raison de ce commentaire, la voilà : j'ai vu sur le blog de Manu (mon fils) votre commentaire à propos des gouttes d'eau, et j'y ai ajouté une réponse!
Manu m'a envoyé un petit mot me recommandant d'écrire directement sur votre blog, car vous n'allez qu'occasionnellement sur le sien.
Dont acte!

Voilà, je ne sais si vous l'avez déjà lu, vous avez intérêt sinon à le faire, car je me confonds en louanges!

Anonyme a dit…

Chez toi aussi ça fuse, les couleurs !!!
en hiver quand le ciel bas et lourd, gnagnagna, rien ne vaut une petite surdose de rouge (la couleur, of course, quoique...) et de chaleur.
et d'amour
et d'amitié
et de vacances

Maxime a dit…

Cergie : Ce qu'il y a de formidable avec les contes, c'est qu'ils appartiennent à tous et à personne. Je ne crois pas trop qu'il faille les expliquer où y trouver des significations cachées, encore que ce soit un jeu passionnant par ailleurs.
C'est mieux encore de les prendre comme on les entend, pour l'émotion qu'ils procurent à la partie d'enfant qui est en nous : pas l'enfant que nous avons été mais celui qu'a été l'homme dans l'enfance de l'humanité.

P'tit Loup : celle ci, je ne la connaissais pas, mais je la garde en mémoire pour la réutiliser !
Et pourquoi un rire niais ? le rire de loup vient-il de sa lourderie ?

Lamamy : oui, j'ai lu, et je suis rouge de confusion !
Un beau blog en tout cas que celui de Manu, alias Leto2. Je recommande à tous et toutes d'aller y faire un tour, pas seulement pour les photos :
c'est ici

Catherine : "... pèse comme un couvercle...." C'est vrai qu'un peu de couleur, ça fait du bien - et tout le reste aussi ! et je serais tenté d'ajouter :" A noir, E blanc, I rouge, U vert, 0 bleu: voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes. ..."

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