Prise le 3 février à 21H30Il existe un très, très ancien conte Limousin, qui s'appelle
"l'enfant de neige" (Lo pitit de nevia):
Une nuit de Noël, alors que la campagne était toute blanche, un jeune couple, qui ne pouvait avoir d'enfant, trouva sur le bord du chemin un petit bonhomme qui semblait tout fait de neige. Ils le prirent chez eux et l'élevèrent tendrement. Tout l'hiver, l'enfant grandit auprès d'eux; il les appelait "papa" et "maman" et jouait avec les autres enfants du village.
Mais, Mars venu, l'enfant si gai sembla pris d'une curieuse langueur; il ne riait plus et délaissait les jeux. Avril passa, puis vint mai, et malgré des soins constants, l'enfant dépérissait. Alors,pensant le sauver, les parents l'enfermèrent dans la chambre la plus froide de la maison, avec une petite fenêtre qui donnait au nord, et ne voyait jamais le soleil.
Mais cela n'y fit que bien peu, et plus le printemps avançait, plus l'enfant devenait diaphane et disparaissait presque.
Vint la Saint-Jean, et le couple, rentrant des champs, trouva la fenêtre ouverte, et le petit, enfui. Ils arrivèrent juste à temps auprès du feu de joie, pour voir l'enfant bondir par au dessus. Il disparut dans une gerbe d'étincelles en leur criant : "Papa, Maman, ne m'en voulez pas, je vous aime, mais je dois maintenant m'en aller!"
Transcrit très librement du souvenir qu'il m'a laissé, ce conte m'a toujours semblé immémorial par la façon dont il lie ainsi dans une tendre nostalgie le solstice d'hiver au solstice d'été. Je ne pouvais m'empêcher d'y penser en regardant les étincelles s'élever du feu où je brulais les branches cassées par la neige, et je me disais : "voici l'enfant de neige qui s'en va".